4 plantes faciles à reconnaître
Lorsqu’on n’a pas encore l’habitude de cueillir des plantes pendant des balades pour les manger on a souvent l’impression que ça va être une tâche très complexe, vu le nombre de plantes qu’on rencontre. Je vais donc essayer de rendre la chose abordable, en vous proposant de commencer par repérer quatre plantes faciles à reconnaître. Une fois cette base acquise, vous pourrez en ajouter d’autres de façon graduelle. Un peu comme on ferait pour apprendre une langue étrangère..
Pourquoi ce choix ?
Parce que ce sont des plantes très communes, que l’on trouve un peu partout, qui poussent de façon plutôt abondante et qu’on peut apercevoir pendant une grande partie de l’année. Et surtout, ce sont des plantes faciles à reconnaître! Elles possèdent donc tous les atouts pour servir d’ « initiation » à la cueillette. De plus elles sont savoureuse, elles ont un goût et une odeur typiques, ça permet d’entraîner tous les sens..
Bon, d’accord, mais quelles sont donc ces 4 plantes faciles à reconnaître pour bien débuter la cueillette gastronomique ?
Les voici : des plantes que très probablement vous avez déjà vues mais auxquelles peut-être vous n’avez pas prêté attention. Elle s’appellent ortie, pissenlit, lierre terrestre et egopode.
1- L’ortie (urtica dioica)
L’ortie, ou grande ortie, cette plante qui pique, riche en protéines, en vitamine C, en fer… Ses bienfaits pour l’organisme sont nombreux, j’y reviendrais ultérieurement, ainsi que sur les autres espèces d’orties qu’on pourrait rencontrer. Mis à part le fait qu’elle pique, elle a tout pour plaire !
La reconnaître et la cueillir
Bien que souvent confondue avec d’autres plantes similaires, je me permets de la classer parmi les plantes faciles à reconnaitre à cause de sa propriété urticante. Ça permet de la différencier facilement d’autres plantes qui lui ressemblent, comme certains lamiers, qui eux ne piquent pas du tout.
On commence à les apercevoir en mars, à ce moment elles sont encore petites et la cueillette sera plus laborieuse. À pleine maturité elles peuvent atteindre un mètre de hauteur.
Il est toujours préférable de cueillir uniquement les têtes, c’est à dire les sommités constituées des dernières six paires de feuilles opposées. Éventuellement on se servira aussi de quelques feuilles plus en bas si elles ont un bel aspect. Par contre on évite la tige qui sauf tout au sommet est plutôt dure, voir ligneuse. On économisera ainsi de la place dans nos sacs de récolte et du travail au moment de la préparation.
Attention aux petites bêtes, il n’est pas rare qu’il y ait des pucerons qui se nourrissent de la sève d’ortie, la présence de fourmis sur la plante est un indice de la présence de pucerons. Quand ils sont peu nombreux il suffit de secouer un peu la sommité cueillie pour s’en débarrasser. Par contre je conseille d’éviter de cueillir celles qui en ont beaucoup (sauf si vous appréciez cet apport supplémentaire de protéines 😉
Comment les cueillir sans (trop) se piquer ?
Si votre peau est très sensible et l’idée de ressentir un peu de brûlure et de démangeaison vous gêne particulièrement, n’hésitez pas à mettre des gants. Les gants de ménage en caoutchouc sont plus efficaces que les gants de jardin en tissu, à travers lequel les fins poils urticants peuvent pénétrer. Avec des gants épais en cuir du style gants de bûcheron vous ne sentirez rien, mais vous n’aurez plus la sensibilité nécessaire à détacher exactement la partie de plante qui vous intéresse.
Une autre façon de faire est à mains nues, en faisant attention à casser le haut de la tige ou le pétiole en le serrant uniquement avec deux doigts. On finira forcément par sentir quelques picotements sur les doigts mais si c’est pratiqué régulièrement on s’y habitue.
Des ciseaux sont aussi des bons outils pour couper précisément à l’endroit souhaité, avec la main libre on peut serrer juste l’extrémité d’une feuille pour après la ranger dans le sachet ou le panier, ça réduit les piqûres à un minimum très acceptable.
Les déguster
Les préparations culinaires des orties sont tellement nombreuses, crues, cuites, séchées, .. qu’elles seront abordées ultérieurement dans d’autres articles, par exemple celui-ci.
2- Le pissenlit / dent de lion (taraxacum)
Voilà une grande star de la cuisine de printemps, considéré comme mauvaise herbe par beaucoup de jardiniers et d’agriculteurs. En revanche elle est très apprécié par ses nombreux adeptes et son aspect caractéristique en fait une autre des plantes faciles à reconnaître.
Le reconnaître
Ce n’est pas trop problématique de le reconnaître quand ses capitules (terme botanique qui indique un type d’inflorescence, autrement dit : fleurs) sont visibles, il attire l’attention par sa couleur jaune qui contraste avec le vert du pré. À retenir aussi que le pissenlit ne porte qu’une seul capitule par tige, ce tube avec un creux bien visible qui part directement de la racine.
Avant la floraison on a les boutons floraux qui eux sont des petites boules vertes d’un diamètre d’un centimètre environ. Au départ de la croissance, on ne voit pas encore de tige, on dirait que les boutons sont attachés directement à la racine et sont cachés dans les rosettes de feuilles. En croissant ils vont prendre de la hauteur et devenir plus visibles.
En début de saison il n’y a que les feuilles, pour écarter d’autres plantes qui ne sont pas du pissenlit il faut savoir que :
- La plante contient du latex, surtout dans la nervure centrale des feuilles et dans la tige. C’est un liquide blanc que l’on peut voir assez bien quand on coupe une feuille.
- Les feuilles sont assez profondément découpées, en lobes aigus, d’où le surnom de « dent de lion ». Elles sont lisses, n’ont pas de poils, du moins pour les espèces plus courantes, celles que je vous conseille de cueillir pour les salades.
- Elles forment des rosettes à la base, ça veut dire qu’elles partent toutes d’un point central (le haut de la racine) et peuvent se disposer en toute direction comme les rayons d’un cercle. Souvent une partie des feuilles, la plus externe, est totalement couchée à l’horizontale, à même le sol.
Le déguster
On l’apprécie principalement en salade, souvent combinée avec des œufs mollets et des lardons grillés. Les recettes varient selon les régions et selon les goûts de chacun. Le moment le plus favorable pour en faire une salade est le début du printemps.
Toutes les parties de la plante sont comestibles, les feuilles sont les plus utilisées et les plus abondantes, la base de la salade. J’aime y ajouter les fleurs pour des belles touches de couleur et pour leur goût légèrement sucré, aussi bien que les boutons floraux encore fermés ou mi-ouverts. Après sa floraison on évitera de les consommer, par contre on peut certainement continuer à manger les feuilles qui vont simplement augmenter un peu en amertume.
Quand la plante atteint un stade avancé ça peut être intéressant de bouillir les feuilles à l’eau et éventuellement changer l’eau après quelques minutes de cuisson, pour les rendre moins amères.
Pareil pour la racine qui est plus ou moins dure et amère selon le degré de croissance et la zone de cueillette, avec une cuisson adéquate elle devient très appréciable.
3- Le lierre terrestre (glechoma hederacea)
Cette plante, comme son nom ne l’indique pas, n’a rien à voir avec le lierre grimpant (hedera helix) qu’on voit grimper sur les arbres et les murs. Sauf peut-être qu’elle « grimpe » aussi mais uniquement de façon horizontale, sur le sol. C’est sa façon de se reproduire, avec des stolons : des tiges horizontales à ras le sol qui s’enracinent par endroits. Au printemps d’autres tiges se dressent à la verticale et elles vont porter des petites fleurs mauves-violettes. Elle peut facilement devenir envahissante, tapissant des grandes portions de sol.
C’est une plante aromatique de la famille des lamiacées, comme la menthe, elle aussi renferme ses arômes (huiles essentielles) dans les feuilles. Feuilles qui ont une forme plutôt ronde (le terme botanique est réniforme) et sont crénelées, légèrement poilues, vert assez foncé sur le dessus et plus clair au dessous. Son odeur typique permet à mon avis de la classer parmi les plantes faciles à reconnaître. Elle rappelle un peu la menthe tout en étant très différente: froissez une feuille et sentez-la. Si c’est la première fois vous allez vous souvenir de cette odeur pour les cueillettes suivantes et si elle n’a pas d’odeur particulière ce n’est très probablement pas du lierre terrestre.
Vous la trouverez dans des zones au moins partiellement ombragées, souvent dans les sous-bois. Il est assez fréquent d’en trouver près de l’ail des ours.
Déguster le lierre terrestre
Vu qu’il a un goût assez puissant, on l’utilisera avec parcimonie dans certains plats. Par exemple j’éviterais de trop charger une salade avec du lierre terrestre.. En revanche l’ajout de quelques feuilles va lui donner une certaine originalité que personnellement j’estime très agréable.
Là où je l’apprécie le plus c’est dans les boissons, le sirop est délicieux et peut soulager la toux. Je vous laisse découvrir le très apprécié apéritif au lierre terrestre.
4- L’egopode podagraire (Aegopodium podagraria)
La dernière, pour cette fois, des plantes faciles à reconnaître: l’égopode, qu’on appelle aussi herbe aux goutteux car elle était jadis employé pour le soin de la goutte. De nos jours on l’apprécie surtout en cuisine, crue quand elle est jeune en mars-avril et cuite quand ses feuilles deviennent plus épaisses et donc plus laborieuses à mâcher.
Comme les précédentes, on la considère souvent une adventice envahissante. En effet elle tend à se répandre sur des zones étendues sur un terrain qu’elle apprécie, à savoir humide et ombragé. Le plus souvent on la trouvera dans les sous-bois, dès le mois de mars.
Une fois identifiée la forme particulière des feuilles, il sera assez simple de les repérer. Le description des feuilles me paraît une tâche plutôt difficile à laquelle je vais renoncer pour le moment. Quelques photos devraient pouvoir dignement remplacer la description, retenez juste que les feuilles d’égopode ont des formes différentes au sein de la même plante.
Les fleurs forment des inflorescences appelées ombelles.Plus haut nous avons vu les capitules du pissenlit, une autre sorte d’inflorescence. Elles sont typiques de la famille des apiacées, à laquelle l’égopode appartient tout comme la carotte, le céleri, le fenouil ou la berce. Elles commencent à apparaître vers la fin du mois de mai. Avant qu’elles ne s’ouvrent on peut les cueillir en tant que boutons floraux. Vous aurez alors une bouchée tendre et très riche en saveurs entre le persil et le céleri.
La dégustation
Pas tout le monde aime ce goût mais ça vaut la peine de tenter et si vous avez apprécié, pourquoi pas en faire des beignets ? Les feuilles cuites à la vapeur et coupées en petits morceaux s’intègrent bien dans des gratins de légumes ou simplement avec un peu de sel, poivre et huile ou beurre en accompagnement.
À bientôt pour d’autres descriptions de plantes et suggestions de plats, dites-moi dans les commentaires quelles plantes vous aimeriez mieux connaître ou mieux cuisiner!